Du persil au plafond

   J'ai eu toutes les difficultés pour faire trois courses ce matin, et je n'ai même pas été fichu de trouver un pot de moutarde. Mais j'ai déniché une belle botte de persil que j'ai mise pour une grande part à sécher, j'espère que le temps va se remettre au beau, et j'ai préparé un beurre de persillade, vite remisée au congel. Ca m'a pris au moins une heure et demie.

   Heureusement que, parce que ça aura été laborieux, j'aurais ramé tout du long de cette journée, poussé par l'urgence de mon programme, sans jamais vraiment avancer, de mon texte qui n'a pas décollé à la musique que j'ai choisie pour accompagner mes quelques ouvrages, mozart qui ne me berce plus, beethoven peinant à m'éveiller, mendelsson, que je ne connaissais pas, et que j'eus préféré qu'il m'endorme, heureusement que j'ai, quelle idée farfelue, pu ouvrir un livre : j'avais choisi hier au soir le cid, ça m'a l'air trés bien.

   Mais donc je glose et je faillis presque à considérer du conséquent, un peu plus j'oubliais mon gagne-pain : j'ai rangé tout l'espace vestibulaire, je ne sais même pas comment je pourrais appeler cette pièce, un espace neutre de douze mètres carrés sur lequel donne l'escalier numéro un au deuxième étage, dans lequel je remise diverses choses, et qui ne semble pas voué à avoir d'autres fonctions, j'ai rangé tout mon matériel à maçonnerie qui était entreposé là depuis trois mois. J'ai tout rangé, c'est plutôt satisfaisant, et pareillement j'ai descendu à la cave tout ce qui m'encombrait, j'ai tout déposé en vrac, il faudra que je mette de l'ordre plus tard, mais sommairement, ce n'est plus l'époque de travailler à la cave.

   Les travaux de déplacement des toilettes du rez de chaussée s'annoncent moins commodes qu'il n'y parait, je ne sais pas comment je vais m'y prendre, le raccordement promet d'être délicat. J'ai jeté un oeil pour respecter mon programme, mais il faudra que j'y revienne à tête reposée.

   Je finis tard une fois encore, il va falloir que je reconsidère mes priorités, car je ne me suis même pas accordé une séance vidéo, et je ne trouverai pas non plus à me divertir à l'heure avec la télé. Mais enfin c'est moi qui ai voulu faire le forcing pour nettoyer le plafond de l'escalier numéro deux, c'est chose faite ; néanmoins un tiers du plafond est plâtré dont la moitié est bien abîmée, j'en ai commencé la réfection, je vais apparemment la mettre à nu pour tenter de mettre la treille, le chassis, en valeur, auquel cas il n'y aura plus qu'un petit carré plâtré, recouvert lui aussi d'une peinture d'époque, avec donc une partie treillage d'égale surface et les deux tiers restant du plafond d'origine, planches et chevrons en bleu délavé. Entre la treille et la structure du faux plafond un mètre plus bas, je compte bien sur l'impact historique et la valeur des matériaux, bruts, pour que cela n'ait pas l'air saugrenu.

   Je vais aller me refugier devant la première série américaine qui me tendra les bras.