ouf !

   J'ai retiré les derniers lambeaux de tapisserie, en fait il n'y en avait que deux sortes, une tentative de recouvrement avait été tenté il y a peu, avec un petit papier anodin, et puis, l'entreprise a vite tournée court au regard des travaux que cela impliquait, enfin je constate, je suppute l'initiative d'anciens locataires, et la tapisserie antérieure date des années 70 ou 80, un gros papier blanc cassé grumeleux. J'ai donc récupéré un mur émaillé de trous et d'éclats du plâtre un peu partout et d'une peinture globalement bien abîmée, surtout pour la partie bleue ciel, le bandeau sous plafond ; faux plafond, du premier étage celui-là, auquel je vais m'empresser d'aller jeter un oeil pour voir si je peux l'enlever. Mais ce qui est amusant, les peintures datent de plusieurs dizaines d'années, le vert et le bleu qui seront, à nouveau, l'habillage en vigueur, doivent bien dater des années cinquante, mais il y a eu au préalable une peinture rose bonbon, peut-être la première peinture, assez belle et qui remonte bien au début du siècle, laquelle peinture rose bonbon fut recouverte, sans doute par un autre occupant, d'un noir mat anthracite. J'ai trouvé ça plutôt cocasse.

   J'écoutais ce faisant la troisième symphonie, pure, très belle, mais bien que m'étant familière, je la distingue surtout dans le premier mouvement, je m'étonnais de si peu la connaître. C'est probablement de l'avoir moins écoutée à l'époque, cela remonte à vingt-cinq ans et je mets ça, ce moindre intérêt porté, sur le compte de gainsbourg qui, sans même créditer brahms, je ne comprends toujours pas pourquoi, peut-être était-ce sa façon de lui rendre hommage, s'est directement inspiré, car il reprend la ligne mélodique telle quelle, sans vergogne, du troisième mouvement pour son baby alone in babylone.

   Enfin je ne me plains pas, j'ai deux mouvements à redécouvrir, et une symphonie plutôt fraîche.

   J'ai vidé un dernier carton de linge de maison, hop rangé dans l'armoire, et rangé pareillement les cd qu'il me reste, quelle misère, dans un petit meuble original fait pour archiver, avec une porte coulissante qui s'enroule dans le bas et remonte tout du long de la facade. Heureusement que cette petite collection contient les intégrales de quelques grands. Dont gainsbourg, tiens. Mais je le connais par coeur.

   En fait je les connais tous par coeur, ils n'ont plus rien à m'apprendre, mais gainsbourg ne peut plus me surprendre, on serait comme deux cons.

   Je crains bien d'être obligé d'enlever mon faux plafond, en fait de m'en réjouir, et ce sera pour mettre à jour la canalisation d'évacuation de la salle de bain, à l'étage, ce qui ne m'enchante guère car je vais devoir la repositionner pour changer son point d'arrivée, et peut-être donc redéfinir la disposition des sanitaires. J'ai déjà bazardé la douche et les toilettes au début de l'année, et le nouveau water qui attend depuis six mois que je l'installe ourdissait peut-être secrètement ce moment qui lui serait favorable, que je lui octroie une place digne de son rang. C'est un trône aprés tout.

   Mais je crois que je vais faire passer la restauration de ma cage d'escalier en priorité.

   Et j'ai replacé une baguette de la frise, le pied qui était cassé de la moulure qui encadre les sanitaires du bas, juste à coté de l'escalier numéro deux. Cela faisait, pareil, bien trois mois qu'elle me regardait, posée sur la première marche, de cet escalier qui n'était alors qu'un vestiaire. Elle y est restée jusqu'à ce jour, là voilà elle aussi rétablie à sa place. Ouf !