Mon premier parpaing

   J'ai acheté un moellon hier, cinq autres aujourd'hui, pour étayer la poutre qui m'intéresse.

   Je ne réparerai pas mon sac Ikea à priori, je le finirai, ou bien j'en ferai une sorte de bâche, je ne sais pas. Je suis bien conscient, pour en venir à la constitution, au contenu d'un journal, que ce genre de propos n'intéresse personne, à part un prof de stylistique qui démontrerait qu'il s'agit de littérature, pas même moi devrais-je dire, or c'est faux, mon intérêt personnel, ma raison d'être disons-le, se nourrit bien davantage à devoir recenser ces petits riens qui égrenne une journée. Qui plus est, un lecteur réfléchi ou bien un exégète avisé, pourrait démontrer que c'est l'effet de contraste, dans "l'art" de relater le quotidien, entre les faits relevant du banal et les évènements plus riches ou les pensées plus profondes qui permet d'accéder à une authenticité du vécu, qui donne de la profondeur à la chronologie, au Temps donc, et qui fait que le lecteur, pour avoir pénétrer l'univers de l'auteur, conserve cette dimension partagée comme un bien propre. C'est ce que l'on comprend en effet à la lecture de Darius Milhaud ( paul Leautaud, je l'appelle darius Milhaud c'est plus joli ), pour qui le critère de l'objectivité était probablement une ligne de conduite autant qu'un garde-fou. Je le sais ça, je l'ai bien compris, c'est pour ça que je parle de mon sac Ikea.

   Je viens de réaliser que les quelques lignes autour de la psychologie que j'ai pondues hier constitue un petit écrit trés freudien. C'est écrit dans l'esprit, cela va de soi, vous n'entendrez pas d'autre son de cloche ici, flûte, lapalissade, d'autre son de cloche il n'y a pas, surtout dans la forme donc, c'est écrit à la manière de freud. J'en suis trés satisfait. ( la dialectique freudienne, sa logique, sa rigueur, pour ne pas lui appartenir en propre, n'en est pas moins une référence du genre - n'en est pas moins littéraire comme disait un de mes profs - et s'avère essentielle tant pour être le moteur même de sa pensée que la condition nécessaire à l'avènement de sa vérité ).

   J'en parle car j'avais l'ambition, le projet en réalité car tout était dans la boite, de composer un petit essai trés succin de réhabilitation de Freud en réévaluant les acquis culturels qui lui incombent, à travers l'histoire de la Psychanalyse au sens large, au regard de l'évolution sociale de ce dernier siècle, de l'état de notre civilisation, car il est indéniable que freud nous imprègne davantage encore à notre insu, inconsciemment dirait-on justement, que nous le pensons. Et d'articuler les vérités cliniques de toute la clique, lacan, bion, winnicott et les autres, je sais pas ferenczi, klein, machin, truc, pour reprendre et réinitialiser tout ce contenu intellectuel, culturel, ainsi dispatché - et rendre à Cesar comme on dit... par pour lui faire plaisir, mais depuis qu'il est parti, puisque personne n'a su prendre sa place, on n'y comprend plus rien.

   Et puis je n'ai pas su en temps et en heure effectuer ce travail, résultat je ne suis pas sûr de m'y atteler un jour. De la même façon j'avais tout élaboré un texte de réhabilitation là encore, véritablement, de guillaume Apollinaire, qui passe à la trappe culturelle de notre société on ne sais pas pourquoi, alors que, si l'on regarde bien, il n'existe personne d'autre que lui pour incarner la sensibilité poétique, je ne parle pas de la beauté, la beauté on la trouve magnifiée chez Baudelaire, mais la Poésie, c'est guillaume apollinaire - et puis, ce texte est passé à la trappe de mon cerveau comme le sujet dont il est question dans notre Histoire, ne m'en reste que le titre : Où sont les enfants d'Apollinaire ?

   Voilà, je suis bien débarrassé.

   J'ai viré la terre appauvrie, de quinze ans d'age, qui emplissait les deux pots et la jardinière devant la maison. Je l'ai remplacée par un humus qui n'est pas ce que l'on pourrait qualifier de frais, mais beaucoup plus riche, en provenance de la cave.

   Trois romarins y trônent désormais fièrement.